Dictionnaire du Moyen Français (1330-1500)

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     MAIN1          MAIN2     
FEW VI-1 manus
MAIN, subst. fém.
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[La main qui tient]

 

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Main tendre tient mal épée. "Celui qui a été élevé dans la mollesse est peu apte à la guerre" : Se jonesse est souef norrie, que fera elle en vieillesse ? Main tendre tient mal espee, et chief bien pigne [l. pigné] porte mal le bacinet (GERS., Réf. roy. G., 1405, 1168).

 

Rem. Hassell 154, M10.

 

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Il est fou, celui qui jette à ses pieds ce qu'il tient à/en ses mains V. fou

 

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[La main qui donne, qui offre]

 

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À vide main fait on le sourd. "Inutile de solliciter, si vous n'avez rien à offrir" : Affinité d'argent conseille, Il a estat qui fait presant ; De vuide main la sourde oreille (DESCH., Oeuvres Q., t.2, c.1370-1407, 46). A vuide main fait on le sourt ; Nulz n'a ce qu'il a demandé Qu'om ne lui die : "Ostende !" ["Montre"] (DESCH., M.M., c.1385-1403, 167).

 

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[Même idée] De vide main, vide prière : LE LOUP (s'adressant au MOUTON) De wide main wide priere. Tousjours cil qui a force boutte ; Qui n'a riens est mis au derriere, Mais qui est furny, on l'escoute (MOLINET, Faictz Dictz D., 1467-1506, 662).

 

Rem. Morawski 576 : De vuide main vuide priere ; Hassell 154, M7 ; DI STEF. 515a, main.

 

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[La main qui lave ou qu'on lave]

 

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La main qui se veut emblaver ("se charger") de laver les vaisseaux de Dieu doit être sans tache V. vaisseau

 

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L'homme qui a ordes mains peut difficilement nettoyer autrui : Et si est tout vray et certains Que li homs qui a ordes mains Ne puet aultruy bien nettoier ; Ainçois ne le fait qu'ordoier. Nettoyons nostre conscience, Amons dotrine, amons science, Donnons bon exemple de vivre (DESCH., M.M., c.1385-1403, 171).

 

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Tel a le premier la main au plat, qui ne la lava de la semaine : Tel a premier la main au plat Qu ne la lava se sepmaine. (ALECIS, Faintes monde P.P., c.1460, 81).

 

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Une main lave l'autre. "Les amis, les proches, ceux qui ont des intérêts communs s'entr'aident" : Donc, si l'une main a lavé l'autre, et que qui a mieux pu, il est allé qu secours de l'autre, certes n'a fait que son devoir. (CHASTELL., Vérité mal prise K., c.1460, 319). Quant deux s'entendent bien Et font l'ung l'aultre fort, C'est ung souverain bien Et moult grant reconfort. S'on leur veult faire tort, Soit d'ung costé ou d'aultre, Leur amytié ne dort : L'une main lave l'autre. (Prov. rimes F.M., c.1485-1490, 40).

 

Rem. Morawski 1148 : L'une main leve l'autre ; Hassell 154, M8.

 

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[À l'opposé du prov. Une main lave l'autre] On coupe bien d'une main l'autre. "Les amis, les proches, ceux qui ont des intérêts communs peuvent aussi se nuire les uns aux autres" : On cope bien d'une main l'autre (MIÉLOT, Prov. U., 1456, 196).

 

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Femme est un gant à toutes mains V. femme

 

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Les doigts des mains ne sont pas tous unis V. doigt

 

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On n'a pas aussi vite qu'on veut ce qui est en escharses mains V. eschars

 

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On ne doit pas mettre à séjour ce qu'on peut faire main à main V. séjour

 

Rem. Cf. aussi Morawski 575 : De vuide main estoute parole ("Si vous venez les mains vides, on vous répond avec des paroles hautaines"), 1501 : Len ne doit pas tant mener ses mains que len vienne du plus au moins, 2053 : Qui ne veult tenir ses mains si tiegne ses cheveux.
 

Lexique de proverbes Pierre Cromer


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